Candiac, jeudi, le 22 février 2018 - Avec «La Zone» ("The Zone" en anglais), le cinéaste Denis Desjardins, alias Syned Sindrajed, propose une brillante relecture des images du «plus célèbre des cinéastes inconnus», Chris Marker, alias Christian Bouche-Villeneuve, décédé en 2012 à l’âge de 91 ans. Son «essai science-fiction» est un montage percutant de bouts de films tournés en 8mm et en Super 8 ainsi qu’en vidéo extraits des œuvres de Chris Marker, le pseudonyme le plus connu du disparu, tournées entre 1956 («Dimanche à Pékin») et 1997 ("Immemory"). Ces images, toutes plus captivantes et saisissantes les unes que les autres, ont été ingénieusement extraites de leur œuvre originale et remontée en un fabuleux récit narré par Fayolle Jean et joué par les voix chaudes d’Albert Millaire et Élisabeth Chouvalidzé.
par Yanik Comeau (ComunikMĂ©dia/ZoneCulture)
Une grande partie de la réussite de cet essai repose d’ailleurs sur l’excellent choix des voix. Albert Millaire, en plus d’être un de nos grands acteurs de théâtre et de télé (on le voyait encore récemment dans «Mémoires vives» où il était le père de Marie-Thérèse Fortin), possède une voix reconnaissable entre toutes, singulière, sublime. Parlant de voix singulières, il n’y a pas plus reconnaissable que celle d’Élisabeth Chouvalidzé qui, au-delà de son personnage de bonne muette dans «L’Auberge du Chien Noir», gagne bien sa vie avec sa voix depuis des années. Rigodon dans «Passe-Partout» et la voix française de Violet Crawley (l’hilarante et délicieusement détestable Maggie Smith) dans «Downton Abbey», entre autres, c’est elle. J’avoue que c’est elle – que j’aime d’amour depuis l’avoir vue avec Pascal Rollin dans «Suite californienne» de Neil Simon à l’été 1985 à Québec – qui m’a attiré dans la salle pour voir ce film. Et je n’ai pas été déçu.
L’histoire est bien pensée. Pour mettre en valeur toutes ces images, qui nous amènent en Chine, au Japon, à Cuba, Hiroshima, New York pour les événements du 11 septembre 2001, on nous raconte le périple de Madeleine (Élisabeth Chouvalidzé) qui fait appel à Stalker (Albert Millaire), un genre de spécialiste de l’hypnose, du cerveau humain, qui lui permet de découvrir une zone toute particulière à l’intérieur de sa mémoire.
Construisant de toute pièce un récit fascinant qui, en effet, finit par relever de la science-fiction, Desjardins captive. L’environnement sonore créé par Simon Bellefleur est tout aussi formidable. Le compositeur avoue s’être inspiré de l’approche électro-acoustique de Michel Krasna, le pseudonyme de compositeur de Chris Marker. Un choix judicieux.
Présenté dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma à l’automne dernier et repris dans le cadre des Rendez-vous du Cinéma québécois, ce film est beaucoup plus accessible qu’on pourrait le croire. Bien qu’il s’agisse clairement d’un film «expérimental», il n’est pas pour autant hermétique et trop niché. Il s’agit d’avoir l’esprit ouvert et avoir le goût d’aller ailleurs… comme Madeleine et Stalker dans leurs propres cerveaux.
*****
«La Zone»
Un film de Syned Sindrajed d’après l’œuvre de Chris Marker
Avec les voix d’Albert Millaire, Élisabeth Chouvalidzé, Fayolle Jean, Catherine Dumas
Une production de Denys Desjardins et Les Films du Centaure
Les Rendez-vous Québec Cinéma mardi le 27 février à 19h30 (durée : 80 minutes)
Cinémathèque québécoise – Salle Hydro-Québec
5 à 7 «Au cœur de La Zone» Bistro SAQ de la Cinémathèque Québécoise, samedi le 3 mars 17h – Entrée libre
Pour en savoir plus : https://www.facebook.com/events/607221919629575/
Envoyer ŕ un ami | Version imprimable | Commentaires: 0 - Dernier : Pas de commentaires
|